Monday, July 20, 2020

Indochine : le 7 mai 1954, le désastre français de Diên Biên Phu - RTL.fr

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Aujourd'hui, je voudrais vous parler du 7 mai 1954, jour de défaite, l'une des plus cruelles pour les armes de la France. Mais si prévisible. On pourrait simplement l'illustrer avec un échange radio qui s'apparente à un message d'adieu. 

Depuis son quartier général à Hanoï, le général de division René Cogny, commandant les troupes françaises au Tonkin, entre en contact avec le fraîchement nommé deux étoiles Christian de Castries, encerclé, lui, dans son PC de Diên Biên Phu. Pas de reproches, presqu'une requête : "Laissez l'affaire mourir d'elle-même, mon vieux". En gros, la messe est dite. 

Pourtant, Diên Biên Phu devait être le "meilleur piège à Viets", selon le général Henri Navarre, à l'époque à la tête du corps expéditionnaire français. Une fois fortifiée, la place allait attirer comme une plante carnivore les mouches et engloutir ces dizaines de milliers de combattants unis derrière leur drapeau rouge frappé de l'étoile d'or. 

L'État-major s'était auto-convaincu d'un succès certain qui ne pouvait que faciliter les discussions organisées à Genève portant sur l'avenir de cette si belle colonie asiatique. Le négociateur communiste étrié serait plus docile. Ce fut tout le contraire. 

Remontons alors au 20 novembre 1953, quand cette bourgade proche du Laos est investie depuis le ciel par les parachutistes du commandant Bigeard. C'est l'opération "Castor". Quelques accrochages, mais Diên Biên Phu est très vite sous contrôle. Les travaux de terrassement commencent. 

La position de Diên Biên Phu est fortifiée, puissamment armée

Actualités cinématographiques du 20 novembre 1953
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Le commentateur des actualités cinématographiques de l'époque fait preuve d'une confiance totale : "La position de Diên Biên Phu est fortifiée, puissamment armée. Sa situation géographique, ses caractéristiques climatiques en font une forteresse facile à défendre et un des meilleurs terrains d'aviation du Sud-Est asiatique". 

Rapport de mission de Maurice Dejean, commissaire général de France en Indochine de juillet 1953 à juin 1954
Rapport de mission de Maurice Dejean, commissaire général de France en Indochine de juillet 1953 à juin 1954 Crédit : AMAE, 288PAAP/1/146

En fait, il s'agit d'une confiance aveugle. La preuve : le rapport des Affaires étrangères (AMAE 288 PAAP 1146) classé secret établi par Maurice Dejean, commissaire général de France en Indochine, entre juillet 1953 et juin 1954. Il est aussi clair que sévère le 15 mars au matin, c'est-à-dire deux jours seulement après la première attaque du camp retranché. La bataille telle qu'elle avait été imaginée était perdue. La chute des points d'appui, les fameuses collines "Béatrice", "Gabrielle" et "Anne-Marie" avait condamné la garnison en coupant la seule voie possible : la voie aérienne. 

"Diên Biên Phu est foutu"

Le diplomate souligne qu'il y avait bien encore à l'époque une solution : le bombardement massif des positions Viêt Minh par les B-29, les énormes forteresses américaines. Mais la Grande-Bretagne s'y était opposée et les États-Unis avaient suivi leur allié. En revanche, Bigeard sera envoyé à nouveau sur place. "Bruno" (son surnom) ne se fait plus d'illusions quand il est largué le 16 mars avec son bataillon : "Diên Biên Phu est foutu".

Car, ceux que les militaires français affublent du quolibet "les petits hommes jaunes" ont bien réalisé l'impossible. Un tour de force que ne pouvait concevoir l'officier artilleur Piroth, qui se suicidera d'ailleurs. Des grappes de soldats en sandales on tiré jusqu'au sommet des montagnes, qui entourent ce qui deviendra pour la presse la cuvette de Diên Biên Phu, des dizaines d'obusiers. Ils leur ont construit des abris, les ont camouflé. 

Et depuis le ciel, les pilotes de l'armée de l'air et de l'aéronautique navale ont largué leurs bombes, leurs bidons de napalm, sinon pour la gloire, plutôt "au petit bonheur", on pourrait dire "à leur plus grand malheur". 

57 jours de combats sanglants

De son côté, le général Giap a appliqué son plan. Ses bodoïs, malgré des pertes très lourdes, ont grignoté le terrain mètre par mètre. Et le 7 mai, vers 17h30, la garnison française s'est rendue après 57 jours de combats sanglants. Daniel Camus, photographe à Paris-Match, en témoignait : "À aucun endroit, nous nous sentions en sécurité et à ce moment-là, les Viets sont arrivés, demandant à tous les soldats de se constituer prisonniers".  

Comme Pierre Schoendoerffer, caporal-chef et caméraman, il détruira ses appareils et tentera en vain de dissimuler au moins une pellicule. Leur captivité sera terrible. Plus des deux tiers des prisonniers ne reviendront pas, victimes des privations et des mauvais traitements. Et à 9.000 kilomètres de là, galvanisées désormais par les faiblesses politico-militaires de la France, les partisans de l'indépendance algérienne déclencheront en cette année 1954 la "Toussaint rouge". 

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July 20, 2020 at 12:37PM
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bien
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