Friday, July 24, 2020

Vacances post-confinement : «Le Tour de France à la télé ? Bien sûr que ça nous manque» - Le Parisien

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Il fait sonner la cloche accrochée à son bungalow. « Au moins, on a celle-ci! » lâche Alain, 69 ans, résident au camping l'Ile-des-Trois-Rois aux Andelys (Eure), en Normandie, depuis 1979! Chaque été, le retraité savoure devant sa télévision le Tour de France et les fameux tintements qui retentissent lors des étapes de montagne. Mais cette année, crise du Covid oblige, pas de peloton sur le petit écran! Ni même de JO ou d'Euro de foot, pourtant initialement au menu. Et pas question de s'occuper avec un autre programme l'après-midi.

« Oh, je n'allume jamais mon poste à cette heure-ci. C'est juste pour le Tour de France parce que c'est sacré », s'exclame celui que ses voisins surnomment « Jugnot ». Même air guilleret et surtout même coupe de cheveux que l'acteur. « Je lui ressemble un peu moins, parce qu'il a changé… Pas moi », s'esclaffe-t-il.

Alain, 69 ans, surnommé « Jugnot », n’allumait la télé que pour le Tour de France, « parce que c’est sacré »./LP/Raphaël Pueyo
Alain, 69 ans, surnommé « Jugnot », n’allumait la télé que pour le Tour de France, « parce que c’est sacré »./LP/Raphaël Pueyo  

En attendant, notre sosie s'occupe dehors. Mais le sport à la télé lui a manqué. Car le Tour de France, c'est d'abord des après-midi mémorables au camping. « Parfois, je me pressais dans une caravane avec mon fils de 11 heures à 17 heures sans interruption. Qu'est-ce qu'on se prenait des coups de chaleur là-dedans! Une autre année, j'étais venu en tente. Je m'étais enfermé avec un copain dans celle d'un pépé qui avait une télévision. Il avait fermé les fenêtres. Autant dire que ça sentait le renfermé… Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour le Tour de France! » pouffe-t-il. Derrière lui, sa femme lève les yeux au ciel : « Ces vacances, je suis délivrée! »

Au bungalow suivant, Jean-Paul, 79 ans, et Marie, 80 ans font du jardinage. « Le Tour de France ? s'émeut Marie, les bras en l'air. Bien sûr que ça nous manque. On a-do-re ! Les commentaires sont trop drôles ! » Pascaline, leur petite fille de 22 ans, les rejoint en souriant. « Mémé est encore plus à fond que papy. Il faut la voir crier devant son poste ! Je partageais ce moment avec eux parce qu'il y a un côté convivial mais je ne le ferai pas seule. Mais moi, l'été, je ne suis aucune émission. Il n'y a jamais de nouveautés. »

Le dit grand-père, regard limpide et charme jovial, délaisse sa pelle pour converser. « Certains soirs, je regarde des documentaires comme Rendez-vous en terre inconnues ou les Routes de l'impossible. Les journalistes prennent la voiture, courent, gravissent des montagnes… J'y retrouve un peu l'adrénaline du sport », observe-t-il.

Le Tour de France en septembre n'aura : «pas la même saveur»

Juste derrière, André, 80 ans, et Michèle, 81 ans prennent un verre de rosé. Derrière ses lunettes noires, Michèle ne peut réprimer un fou rire. « Oh lui, il est devant tout ce qui est sport! » Preuve à l'appui : André disparaît pour enfiler un maillot de cycliste sur son Marcel. « Je suis entraîneur », s'écrie-t-il fièrement. Mais à la question « va-t-il regarder la diffusion du Tour reporté en septembre? » son visage s'assombrit. « Oui, mais ce ne sera pas la même saveur. Il fera nuit tôt et il y aura un moins bon niveau parce qu'ils n'auront pas pu s'entraîner à cause de la crise. Mais la télé au camping, c'est un impératif juste pour le Tour! »

Alors pour remédier au vide, il regarde des replay de compétitions sur L'Equipe 21. Michèle nous chuchote : « Il s'acharne moins devant les redifs ! » Sur le canapé traîne un programme télé. Entre deux sorties, la pimpante retraitée se met devant un feuilleton. « Il n'y a rien l'été, c'est toujours Mimie l'Ange gardien (NDLR : « Joséphine Ange Gardien » avec Mimie Mathy) ou des films avec de Funès rediffusés 15 fois! Mais bon il n'y a que ça, donc je regarde! » rigole-t-elle.

Charles, 91 ans, accompagné d’Odette, adore le vélo : « J’ai même fourni celui du coureur espagnol Luis Ocana, je travaillais à Motobécane. » /LP/Raphaël Pueyo
Charles, 91 ans, accompagné d’Odette, adore le vélo : « J’ai même fourni celui du coureur espagnol Luis Ocana, je travaillais à Motobécane. » /LP/Raphaël Pueyo  

Claude, 80 ans, mijote un magret de canard sur sa bonbonne de gaz. « Notre routine avec des voisins c'était : suivre l'étape puis aller aux boules… Ben, maintenant, je fais que les boules. Et puis je suis même la pétanque à la télé sur l'Equipe 21, d'ailleurs. Finalement, tant qu'on a nos matchs de boules… » se marre-t-il avant de hurler, paniqué : « Ma sauce ! » Et de disparaître au fond de sa terrasse.

« On regarde la même chose dix fois »

Quelques emplacements plus haut, Patricia, 65 ans et Odette, 90 ans, attendent l'andouillette. C'est Charles, 91 ans, qui nous accueille en forme olympique. « Le tour de France, bien sûr que je suivais à la télé. J'ai même fourni le vélo du coureur espagnol Luis Ocana, je travaillais à Motobécane », tonne notre ami. Et sa fille de se mettre la tête dans les mains : « Oh ça y est, on pourra plus l'arrêter! » Ni une ni deux, le nonagénaire se hisse sur un vélo. « J'adorais Poulidor même s'il était frustré, le pauvre. Mais maintenant, c'est trop de magouilles! »

Depuis la table, Odette propose à la volée du vin. Le Tour de France c'est bien, mais l'apéro c'est mieux. « Oh, la télé, on la subit. On regarde la même chose dix fois parce qu'il n'y a rien de mieux à faire. C'est histoire de pas se coucher tôt… Hier (lundi), on était encore devant Camping Paradis », s'amuse la nonagénaire, qui admet ne « rien comprendre à Netflix et compagnie ».

Les sœurs Andrée, 76 ans, et Lucienne, 71 ans, préfèrent discuter et « boire un petit coup » avec d’autres résidents que regarder la télévision./LP/Raphaël Pueyo
Les sœurs Andrée, 76 ans, et Lucienne, 71 ans, préfèrent discuter et « boire un petit coup » avec d’autres résidents que regarder la télévision./LP/Raphaël Pueyo  

A l'arrière du camping trônent deux caravanes. Celles des sœurs Andrée, 76 ans, et Lucienne, 71 ans. A la maison, la télé fonctionne en boucle pour donner l'impression « d'avoir du monde ». Mais pas aux Trois-Rois. « Ici, on discute, on boit un petit coup par-ci par-là… Puis, on voit l'heure et on dit : oh mince on a loupé l'épisode de Demain nous appartient, zut ! » rit Lucienne. Et sa sœur de s'esclaffer : « Heureusement qu'ils mettent les résumés au début. Au camping, la télé on y pense moins. On a déjà loupé quatre épisodes cette semaine alors en ce moment c'est plutôt Demain nous a… échappé ! »




July 24, 2020 at 11:02AM
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