Sunday, July 19, 2020

Toulouse. Abdul Djouhri : le hip-hop lui a permis de bien tourner - LaDepeche.fr

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l'essentiel Pionnier du hip-hop en France, le Toulousain Abdul Djouhri sort un livre dans lequel il raconte son parcours de danseur. Des dalles de la Reynerie aux scènes internationales.

Avec sa boule à zéro, sa petite moustache et son regard, qui par moments, jette des éclairs, Adbul Djouhri, c’est d’abord une vraie gueule. "On est ce qu’on naît, on ne se refait pas", annonce-t-il. Bermuda, baskets et t-shirt coloré, à 51 ans, le danseur toulousain de hip-hop conserve une silhouette juvénile.

Après quatre décennies passées à user le sommet de son crâne et ses semelles sur les dalles de La Reynerie, puis de France et du monde, ce pionnier du hip-hop sort un livre intitulé "Abdul de Mon Mirail, parcours d’un Zulu King". Le titre provient du surnom donné par "un pote de Paris après qu’il ait vu le film Les Visiteurs", précise l’auteur. Le Toulousain a écrit ce livre 14 ans plus tôt, "l’année où je me suis blessé au genou. J’ai profité du confinement pour le reprendre et le publier", dit-il.

Né à la Reynerie dans une famille de 15 enfants

Précurseur du hip-hop en France, Abdul Djouhri est né, à la Reynerie, dans l’immeuble Varèse, aujourd’hui détruit. Il grandit dans une famille "soudée" de 15 enfants, 9 filles et 6 garçons. "Je suis le 9 e. C’était magnifique, tu te sens jamais seul et toujours en confiance avec une telle fratrie." Sa mère coud des robes pour les femmes du quartier, tandis que son père, maçon, voit d’un très mauvais œil que l’un de ses fils puisse faire de la danse. "Il me disait toujours, c’est pour les filles". Alors, à l’âge de 13 ans, le petit Abdul commence à danser en cachette sur un morceau de linoléum déchiré.

Doté d’une détermination hors du commun, il fait, refait, défait tous ces mouvements de break dance venus des Etats-Unis, et, en 1985, il fonde, avec sa bande de copains, la compagnie, Olympic Starz, et le Trophée Masters. "À l’époque, il n’y avait rien. Pas d’internet, pas de vidéos", aussi pour comprendre les figures et les reproduire, tout est bon. "Je faisais tourner beaucoup de toupies et même les cendriers en alu du Quick pour apprivoiser la force centrifuge", poursuit-il.

Aujourd’hui, quand il retourne à la Reynerie, Abdul Djouhri passe pour "le breaker pro". Il reste aussi un exemple. "La danse hip-hop m’a permis de canaliser mon énergie débordante. Sans elle, je serais peut-être devenu un voyou. Ici, à l’époque, il n’y avait rien, à part le béton et les coursives. Donc on a utilisé l’espace urbain", reprend-il.

Grâce à la danse, Abdul Djouhri a connu les voyages en limousines, en jets privés, les dîners avec les ministres "et plus que ça, j’ai pu voir les conditions de vie d’autres gens, dans d’autres quartiers, comme à Soweto en Afrique du Sud. Là, c’était la vraie misère", se souvient-il. Avec ces gens des ghettos, Abdul Djouhri ressent que "le corps est un langage commun. On se comprenait", ajoute-t-il.

Une place pour Toulouse

Plus tard, dans sa carrière en solo, le Toulousain se frottera à la danse classique, contemporaine aux arts du cirque, aux arts martiaux, "Ma philosophie était d’observer la vie. J’ai pris plein de techniques en regardant les bêtes, toujours à la recherche de la fluidité", glisse Abdul Djouhri.

"Je suis ce que le béton de la Reynerie peut enfanter de meilleur", écrit-il. Aujourd’hui, le danseur souhaite redonner à Toulouse sa place de choix dans le hip-hop. Pour cela, il aimerait que la ville, qui a vu naître ce mouvement en France, accueille un grand festival et propose des lieux ressources. "Ici, on a tous les talents qu’il faut pour le faire", assure-t-il.

En quelques dates

14 août 1969

Naissance à Toulouse d’Abdul Djouhri.

1987

Création de Olympic Starz et du Trophée Masters.

1991

Voyage aux USA, aux sources du break dance.

2006

Accident au genou : ligaments croisés et le ménisque touchés.

2008

Il invite Afrika Bambaataa, père fondateur du Hip-Hop à Toulouse.

2020

Sortie de son livre "Abdul de Mon Mirail, parcours d’un Zulu King"

Un plat

Le couscous royal. J’aime bien les plats typiques dont le couscous royal avec merguez, poulet, veau, agneau, pois chiche, légumes…

Un film

Le maitre d’armes. C’est un film d’arts martiaux avec Jet Li. Le personnage central perd tout, il lui faut ça pour comprendre le sens de son art.

Une qualité

L’humilité. Je déteste les gens qui se mettent en avant, je déteste le bling-bling. J’aurais honte de le pratiquer, ce n’est pas mon truc. J’ai toujours préféré rester dans l’ombre, je m’y trouve bien.

Un artiste

James Brown. C’est le roi du funk. Le hip-hop s’est basé sur les rythmes qu’il a inventés, ça te balance.

Un livre retrace son parcours

"Je voudrais qu’en lisant ce livre, les gens aient l’impression d’y être", explique Abdul Djouhri. Le pari est gagné pour l’auteur d’"Abdul de Mon Mirail, parcours d’un Zulu King", précurseur du hip-hop en France. Le Toulousain raconte sa fureur de danser, d’abord en cachette, à la Reynerie, avec Djilali, Mad, Baan, du Olympic Starz, puis partout dans le monde. Mais aussi son voyage incroyable, en 1991, aux Etats-Unis, et toutes les rencontres qui ont jalonné sa vie et façonné sa danse. On découvre un chemin de vie semé d’embûches, où l’espoir, la détermination et la joie ne font jamais défaut. Un parcours qui force l’admiration. Publié à compte d’auteur, ce livre est disponible sur Amazon.




July 19, 2020 at 10:06AM
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