Friday, July 3, 2020

Pour Jean Castex, un premier grand oral bien morne - L'Humanité

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«  Je ne suis pas ici pour chercher la lumière. » Et surtout pas pour faire de l’ombre à Emmanuel Macron, pourrait-on ajouter. D’entrée, le ton est donné : Jean Castex a beau être un transfuge des « Républicains », comme Édouard Philippe, son style tranche violemment avec celui de son prédécesseur. Invité au JT de TF1 pour son premier « grand oral » en tant que chef du gouvernement, l’ancien « Monsieur Déconfinement », raide comme un piquet, a livré une prestation en demi-teinte, assez lénifiante. De quoi alimenter les critiques dénonçant déjà un technocrate sans personnalité politique propre, effacé derrière Emmanuel Macron. Christian Jacob, le président des « Républicains » dont Jean Castex était jusqu’à ce vendredi matin encore membre, décrit déjà un «  non premier ministre ».

L’entretien était surtout l’occasion pour le nouvel hôte de Matignon de se présenter aux Français - dont la plupart ont probablement découvert le nom et le visage de ce discret énarque ce vendredi. Jean Castex a donc été invité à revenir sur son parcours, celui d’un «  gaulliste social fidèle à la Nation », d’un homme politique «  fils d’institutrice, enraciné dans le local, dans le quotidien des gens ».

Maire de Prades (Pyrénnées-Orientales) depuis 2008, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy a en effet joué la carte de « l’élu de terrain », affirmant que «  tout ne peut pas se décider depuis Paris ». Cohérent, de la part de celui qui a plaidé et imposé un déconfinement par étapes, adapté aux territoires, et qui devra sans doute porter, avec Emmanuel Macron, le futur « acte de décentralisation » à l’agenda de l’exécutif.

Sur les grandes orientations quinquennales, le premier ministre n’a fait que reprendre les axes déjà avancés par Emmanuel Macron. «  Nous sommes dans un contexte nouveau, de crise sanitaire prolongée par une crise économique et sociale », a commencé Jean Castex, avant de mettre l’accent sur des marqueurs qui n’ont rien de bien neufs : l’autorité, la laïcité et la responsabilité de chacun. «  Je ne crois pas que la société soit responsable de tout ce qui va mal », a avancé le chef du gouvernement, interrogé sur ses valeurs. Le monde d’après sera résolument de droite, dans la suite logique de la mutation de l’électorat macroniste observé lors des européennes de 2019, puis lors des alliances LR-LaREM aux municipales.

Du reste, Jean Castex a suivi à la lettre la ligne fixée en amont par Emmanuel Macron. Interrogé sur une réforme de la durée légale de travail, Jean Castex botte en touche mais ne nie pas que la question soit sur la table, conformément aux vœux formulés par le président de la République dans son entretien à la presse régionale. «  Je souhaite ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux afin de trouver des solutions pour un nouveau pacte social », a-t-il déclaré, annonçant en creux de futures réformes du travail.

Enfin, Jean Castex s’est fait le promoteur du «  grand plan de relance » annoncé par l’Élysée, et dont le contenu devrait être dévoilé dans la semaine. «  Il faut continuer à soutenir l’économie, il faut faire des choix en termes de souveraineté, de responsabilité écologique, mais aussi avoir une France plus économe », a-t-il énuméré. « Travailler plus » et « moins de dépenses publiques » en somme. Dans la bouche du premier ministre, sans surprise, les mots d’Emmanuel Macron, voire, en creux, ceux de Nicolas Sarkozy, dont on sait qu’il a l’oreille du président. Nicolas Sarkozy, lorsqu’il occupait le palais de l’Élysée, disait de son premier ministre François Fillon qu’il était son « collaborateur ». Jean Castex, proche de l’ancien chef de l’État, semble taillé pour tenir ce rôle ingrat.




July 04, 2020 at 02:38AM
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