Le prévenu donne le nom de sa rue, mais sans pour autant préciser la localité. « C’est une tradition locale : quand on demande aux habitants du Pays-Haut de donner leur adresse, ils ne disent jamais la ville… », raille le président Bottino. Arezki vit donc à Jœuf et c’est dans cette même commune qu’il a fait un peu n’importe quoi.
Dans la nuit du 29 avril, alors que le monde vit encore confiné, il se trouve dans une Peugeot 206 roulant à vive allure. La citadine croise une patrouille de police qui s’interroge forcément sur cette circulation nocturne. Mais la petite lionne refuse de s’arrêter quand les gyros s’allument. Petite course-poursuite dans les artères de l’ancienne cité minière jusqu’à ce que la voiture s’arrête rue Sainte-Consuelo. Deux individus en sortent et s’échappent à travers jardins. Arezki, 19 ans, ne court pas assez vite : il est cueilli au milieu des arbustes. Et le voilà poursuivi pour refus d’obtempérer à une sommation de s’arrêter et conduite d’un véhicule sans permis.
Le président Bottino est perplexe : « Vous n’êtes pas connu de la justice et vous refusez de vous exprimer en garde à vue. » Plutôt pas bon d’être muet comme une tombe devant les forces de l’ordre. Surtout dans le cas du jeune prévenu. « Car les policiers disent que c’est vous qui conduisiez. Et comme vous avez refusé de parler, ça vous dessert. C’est ballot hein ! » « L’interpellation s’est mal passée », avance l’intéressé pour expliquer son silence.
Le Jovicien assure avoir été pris en auto-stop par le conducteur de la 206. Pourquoi a-t-il pris ses jambes à son cou alors, après la course-poursuite ? « Car j’étais stressé : je ne connaissais pas le conducteur, je savais pas il y avait quoi dans la voiture (sic). »
Il était allé manger chez un ami
Le substitut requiert 105 heures de TIG à l’encontre de celui qui vient d’achever prématurément ses études. « Le véhicule n’était pas volé. Son propriétaire a été contacté : il n’a jamais prêté la voiture à mon client, qu’il ne connaît d’ailleurs pas. Et rien ne vient prouver qu’il la conduisait », oppose Me Ahmed Mine, lequel réclame la relaxe. Le tribunal prend la direction opposée avec 105 heures de TIG à faire dans un délai de 18 mois. Sinon, ce sera deux mois de prison. « Et ça vous permettra peut-être de trouver votre voie professionnelle », assène le président Bottino.
Au fait, que faisait le prévenu dehors en plein confinement ? « J’étais allé manger chez un "collègue" (ami, NDLR). » Mais l’intéressé n’a pas été poursuivi pour déplacement hors du domicile sans document justificatif …
July 10, 2020 at 10:04AM
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Jœuf. L'auto-stoppeur était bien le conducteur sans permis - Le Républicain Lorrain
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bien
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