Tuesday, August 11, 2020

Bien avant Neymar, Camargo, le premier Brésilien du PSG a connu un destin tragique - Le Journal du dimanche

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A jamais le premier. Quarante-six ans avant que la tour Eiffel s'illumine pour Neymar, 31ème Brésilien du PSG, Joel Camargo déclenchait les flashs d'une poignée de photographes en débarquant à Orly en 1971. Même s'il n'était pas entré en jeu lors de la Coupe du monde au Mexique l'année précédente, il avait décroché son étoile, précédée de 27 sélections. Comme l'actuel numéro 10, c'est à Santos qu'il avait d'abord brillé, s'y faisant une place dès l'âge de 16 ans au milieu des Dorval, Zito ou Pelé. "Il est le seul défenseur capable d'attaquer et de marquer de l'extérieur de la surface", décrivait à l'époque João Saldanha, entraîneur de la Seleção (1969-1970).

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Sauf que c'est un joueur déjà ­cabossé par la vie qui arrive à Paris. Juste après le Mondial, il s'est retrouvé au centre d'un terrible accident de la route, au volant de sa rutilante Chevrolet Opala rouge. Un poteau heurté, deux passagères tuées. Lui s'en sort avec une omoplate cassée et la jambe droite en bouillie. Il passe six mois à l'hôpital, écope de vingt mois de prison, peine finalement allégée et purgée en semi-liberté, tandis que son contrat avec Santos est résilié.

"On rêvait de Pelé, on a eu Joel"

Son goût pour la nuit et l'alcool sont invoqués. Mais lui maintiendra que ce n'était pas la cause du drame, comme dans une interview en 2014 à El País, au crépuscule de sa vie. Tout en admettant ses travers – "Whisky, cognac, vodka… Je n'étais pas un saint" –, il insistait : "Je n'avais pas bu! [le soir de l'accident] On m'a crucifié à cause de la couleur de ma peau." Il dénonçait déjà ce racisme en 1970, telle une voix isolée dans une société brésilienne qui ne voulait rien voir : "Beaucoup m'invitent à sortir car je suis Joel le joueur de foot, dit-il alors dans le magazine Placar. Ils ne le feraient pas si j'étais juste Joel, un Noir."

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Aigri et diminué à son arrivée, il pense encore avoir un peu de talent à distiller auprès du Paris Saint-Germain, ce club qui vient de naître. C'est ce qu'imagine aussi Guy Crescent, qui se rend au Brésil à l'été 1971 pour obtenir la signature de Pelé. Mais le Roi décline. "Je ne voulais pas quitter le Brésil, j'étais bien à Santos", dira-t-il au micro de Canal+ en 2019. Pour ne pas rentrer les mains vides, le dirigeant, qui avait promis une "deuxième tour Eiffel à Paris", doit se rabattre sur un coéquipier lessivé. "On rêvait de Pelé, on a eu Joel", ironise aujourd'hui Michel Prost, ex-attaquant parisien.

A Santos, Camargo était pourtant un monument qui avait hérité d'un drôle de surnom, comme le rappelle Lima, 78 ans et 700 matches avec le club santista : "On l'appelait 'le sucrier'car il avait souvent les mains sur les hanches. Il était élégant, ­savait tout faire. On l'aimait car il ne s'économisait pas sur un terrain." Mais à Paris, il est comme vidé. "On a vite compris qu'il avait des séquelles de son accident, reprend Michel Prost. Il était doué avec le ballon mais il n'avançait pas. Pour rigoler, j'avais dit que j'étais plus rapide que lui en courant à reculons."

Docks, anciens taulards et amputation

Venu avec sa femme et sa fille, Joel rentre au pays après quatre mois et deux matches au compteur. "Il avait les boules, confie Lima. Il voulait montrer son talent mais il ne pouvait plus." Deux ans plus tard, il lâche le foot. Malgré un statut de champion du monde et un palmarès fourni en club (quatre titres de champion, une Copa Libertadores, une Coupe intercontinentale), son compte en banque est à sec. Il vend ses biens, ses médailles (dont celle du Mondial 1970) et doit même travailler dans les docks de Santos. Il y charge des sacs de sucre ou de café et esquive la nostalgie en jouant au foot avec ses collègues. "Des psychopathes, des anciens taulards, des drogués… Certains m'admiraient, d'autres voulaient me casser en deux."

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Après vingt ans à s'user le dos, il prend sa retraite à 55 ans. Luttant contre l'alcoolisme et un diabète qui le mène à l'amputation d'un orteil, il disparaît des radars. Sans ressources, il survivra tant bien que mal, jusqu'à recevoir 100.000 réals (40.000 euros) de la part de la CBF, la fédération brésilienne. Avant de mourir à 69 ans d'une insuffisance rénale, juste avant le Mondial 2014 organisé dans son pays.




August 11, 2020 at 02:00PM
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