L'ex-ministre de la Santé a défendu sa gestion de la crise, convaincue d'avoir "anticipé", a-t-elle répété ce mardi devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la crise du coronavirus.
L’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, auditionnée mardi pendant quatre heures par une commission d’enquête parlementaire sur la crise du coronavirus, a défendu sa gestion du dossier et souligné la rapidité de sa réaction, estimant avoir toujours été "dans l’anticipation".
Elle a également dit qu’en quittant le ministère de la Santé, le 16 février dernier, elle avait le sentiment d’avoir fait son "travail de préparation. […]. Tout le système est mis en tension", a-t-elle déclaré aux députés.
"En avance par rapport aux décisions internationales"
"Je mets en branle tout le système le 25 janvier alors que l'Organisation mondiale de la santé a refusé de déclarer le 22 janvier et le 23 l'urgence de santé publique de portée internationale", a détaillé l'ex-ministre. "Il est faux de dire que mon intuition n'a pas été suivie par mes services", a-t-elle assuré, affirmant que tout au long des premiers temps de la crise sanitaire, "nous sommes toujours en avance par rapport aux décisions internationales".
"En aucun cas je ne peux laisser dire que le ministère de la Santé a été lent", a insisté Agnès Buzyn. "Vous ne pouvez pas dire que je n'ai pas anticipé et je ne laisserai pas dire que les services n'ont pas anticipé."
Agnès Buzyn était ministre de la Santé jusqu’au 16 février, date à laquelle elle a suppléé Benjamin Griveaux en tête de liste de La République en Marche pour les élections municipales à Paris. Dans une interview accordée au Monde le 16 mars, au lendemain du premier tour des municipales, elle avait suscité l’émoi en disant regretter la "mascarade".
"J'ai tout vu, j'ai préparé"
"Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu", déclarait-elle dans cet entretien.
Mardi, elle est revenue sur ses propos et le contexte dans lequel elle les a tenus. "Je suis intimement persuadée que le deuxième tour ne peut pas se tenir d'ailleurs, j'arrête ma campagne et je bataille parce que je ne suis pas favorable à ce qu'on continue les tractations politiques et je demande qu'on arrête. C'est à ce moment-là que je suis appelée" par une journaliste, a raconté Agnès Buzyn. "Ce n'est pas une interview, sinon j'aurais relu ces propos, ces verbatims ne m'ont jamais été soumis, et encore moins une déclaration".
"Ce que j'ai dit au Monde ce jour-là, c'était 'arrêtez de dire que je n'ai rien vu, j'ai tout vu. J'ai tout vu, j'ai préparé.'", a-t-elle répété. "Cet article laisse penser que je n'ai pas préparé. C'est pour ça que je voulais m'expliquer devant la représentation nationale, parce que j'ai pressenti, j'ai senti un danger, bien avant les autres."
La "gestion des stocks" pas au niveau du ministre
Mardi, devant les députés, Agnès Buzyn a également défendu la réaction de ses services à l’émergence du risque posé par l’apparition du coronavirus Sars-CoV-2. "J’ai eu une première alerte totalement par hasard pendant mes vacances de Noël autour du 25 décembre sur un blog en anglais rapportant des cas d’une pneumonie inexpliquée, a-t-elle témoigné. Mon premier niveau d’alerte est autour du 11 janvier parce que la Chine annonce un premier décès."
Enfin, sur le thème délicat de la "gestion de stocks" de masques de protection, Agnès Buzyn a assuré que ce sujet ne remontait pas au niveau du ministre, assurant "assumer totalement" les décisions prises par ses services entre mai 2017 et février 2020.
"La vigilance que je dois avoir, c'est sur des dizaines de produits", a-t-elle ajouté. Elle a souligné que si l'attention s'était "a posteriori" portée sur la question des masques, les comprimés d'iode en cas d'accident nucléaire ou les tenues de protection face au virus ebola n'étaient pas "moins importants".
Plusieurs ex-ministres de la Santé sont attendus devant la commission : Marisol Touraine (2012 à 2017) et Roselyne Bachelot (2007-2010) mercredi, avant Xavier Bertrand (2005-2007 et 2010-2012), jeudi.
"Très convaincante" pour le député de l'Hérault Nicolas Démoulin
Le député de l’Hérault Nicolas Démoulin (LaREM), membre de la commission d’enquête, a confié à Midi Libre avoir trouvée Agnès Buzyn "combative et précise, notamment sur la question de l’agenda, où elle a été très convaincante. Et elle a été lucide sur les questions de dysfonctionnement. J’ai beaucoup appris".
June 30, 2020 at 10:13PM
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Coronavirus : "J'ai senti un danger bien avant les autres" se défend Agnès Buzyn à la commission - Midi Libre
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bien
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