« D'autres organisateurs de salons nous ont demandé comment on avait fait pour maintenir l'événement. C'est simple, on a enlevé l'endroit où les gens sont massés, et on va faire sans, explique Stéphane Godefroid, gérant de la librairie la Parenthèse à Nancy (Meurthe-et-Moselle). C'est un Livre sur la place qui n'est pas sur la place ! » résume-t-il avec humour.
Pour que puisse se tenir la 42e édition du salon nancéien — le premier de la rentrée en France —, il a effectivement fallu revoir toute la formule qui a fait jusqu'à présent son succès.
Et donc ne pas monter le chapiteau où piétinent jusqu'à 180 000 visiteurs collés les uns aux autres attendant la dédicace de leur auteur favori. Mais aussi rallonger l'événement de trois à dix jours et proposer davantage de lieux de rencontre dans la ville, en comité plus restreint. D'ordinaire, Stéphane Godefroid, spécialiste de la bande dessinée, écoule environ 3 500 ouvrages, cette année, il espère tout juste en vendre un millier.
« Economiquement, ce sera une mauvaise édition. On ne va pas retrouver le chiffre d'affaires que l'on a avec un chapiteau. Mais je ne vais pas m'en rendre malade. On fait surtout ce métier pour des moments qui nous plaisent. » Stéphane a l'avantage d'avoir une librairie de 350 m2 ainsi qu'une cour extérieure et va en tirer profit. « Certains jours, nous aurons plusieurs auteurs en même temps. On met en place un système de tickets pour éviter une trop longue attente. »
Rencontres éphémères avec les auteurs
La préparation a aussi été plus complexe, avec une lourde logistique, pour Marc Didier, gérant de la librairie éponyme à deux pas de la place Stanislas. « Il faudra souvent déménager entre les différents points de rencontre. A côté de la table de dédicaces, la table de vente sera éphémère sur une ou deux heures. » Les années précédentes sous le chapiteau, il vendait en moyenne 15 000 livres en trois jours. « Ce sera sans doute trois fois moins, et encore. Il est certain que je ne pourrai pas rattraper cette concentration de ventes. »
Marc Didier s'interroge aussi sur la fin d'année. « Comment va-t-elle se passer sachant que je n'aurai pas le volume de ventes habituel de septembre ? Heureusement que je n'ai pas d'employé. J'aimerais faire des aménagements dans ma boutique, mais prudemment, je préfère attendre. » Le libraire reste malgré tout optimiste. « Il ne faut pas se lamenter. C'est une forme de résistance dans l'adversité. Cela aurait été un mauvais signal que d'annuler cette édition. »
Au Hall du livre, librairie emblématique du centre-ville, Géraldine Pétry, la responsable littérature, constate que « les gens ont soif de culture. Même si automatiquement, on vendra moins. En revanche, pour Leïla Slimani, je n'ai pas réduit mes commandes car il y aura plusieurs lieux de dédicaces avec elle, c'est la présidente de cette édition, elle est attendue ». Géraldine devra surtout gérer et limiter les frustrations. « Tout le monde ne pourra pas avoir accès à tout. On est obligés d'en passer par là. Il faut surtout se dire que c'est mieux que rien! »
September 10, 2020 at 03:58PM
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Covid-19 : à Nancy, le salon du livre a bien lieu mais sans la foule - Le Parisien
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bien
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