
14 h 30 vendredi à la sortie de la station de métro Trois Cocus, à Toulouse. Fabien, la trentaine, remonte les marches qui le conduisent à la place Micouleau, dans le quartier des Izards. Une place devenue théâtre d’une fusillade mortelle, le 24 août et un lieu surtout très défavorablement connu pour le trafic de stupéfiants qui y est organisé. Après avoir contourné La Poste, l’homme vêtu d’une casquette sombre et d’un masque bleu ciel se retrouve rue de Chamois. Face à lui, une barre d’immeubles, typique des années 60. À sa gauche, trois logements construits plus récemment. C’est justement autour de ces petits bâtiments blancs et modernes, de deux ou trois étages, que la population s’agite. Une dizaine de personnes zonent dans un espace vert. Un jeune en survêtement sombre s’approche et demande ce que cherche Fabien.
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La semaine après la fusillade, ces "choufs" se cachaient sur les toits, de peur d’être ciblés. Mais ce vendredi, ils sont bien sur la terre ferme. Les consignes sont claires, pour acheter de la résine de cannabis, rendez-vous au numéro 1, l’herbe est au 6 et la cocaïne au 8. "Avance par là", indique le guetteur certainement mineur, vu sa carrure chétive et son visage juvénile en partie caché derrière un masque de protection noir. Fabien se dirige vers un portail sombre qui permet d’accéder à la partie commune des logements les plus récents. La file d’attente est longue. Six personnes d’univers et d’âges très différents patientent. L’un d’eux râle, la quarantaine bien tassée, attend depuis deux heures. Le guetteur lui explique que le vendeur a pris du retard à cause de la présence des policiers de la brigade spécialisée de terrain. Cinq minutes plus tard, le dealer fait enfin son apparition. Il se cache derrière le portail fermé de cette résidence moderne. Les trafiquants ont semble-t-il investi les lieux. Un individu dissimulé derrière le grillage et les plantes s’adresse aux clients. En moins de deux minutes, l’échange a lieu de la main à la main sans qu’aucun des deux protagonistes n’ait vu le visage de l’autre. L’acheteur repart tranquillement en marchant, vers le métro. "Chaque jour, des centaines de drogués se présentent ici. On multiplie les contrôles, mais l’afflux ne s’estompe jamais", concède un fonctionnaire. Difficile de lui donner tort…
"Ces armes proviennent de cambriolages et de recels"
Nelson Bouard, Directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Haute-Garonne
Les armes n’ont certainement jamais autant circulé dans la Ville rose. Depuis le début de l’été, les règlements de compte se concluent souvent par des tirs et des blessés par armes à feu…
Le quartier des Izards connaît un été agité. Pourquoi ?
Après notre opération de juin, des petits dealers ont voulu reprendre la main sur ce trafic, au regard du nombre de clients qui se présentaient. Cela a donné lieu à une nouvelle vague d’agressions et d’interpellations.
D’où viennent ces armes à feu ?
Elles proviennent parfois de cambriolages, de recels, elles peuvent aussi circuler d’une ville à l’autre lorsque les voyous se les cèdent. Globalement, on a constaté une très grande disparité dans les armes à feu, qu’il s’agisse d’armes lourdes, ce qui est très rare, ou de petits calibres, que l’on retrouve plus fréquemment.
Comment mettre la main dessus ?
Nous avons lancé un plan de lutte en janvier, avec des contrôles réalisés dans la rue et les transports. Nous cherchons des personnes en possession d’armes à feu mais aussi des couteaux, des lames… Beaucoup d’individus ont été interpellés dans ce cadre. Le moindre différend ne doit pas se transformer en drame. Nous multiplions les contrôles dans les transports en commun, notamment dans le métro depuis janvier, dans des stations considérées comme très sensibles. Je pense à la station Balma-Gramont, qui connaît des problèmes en fin de semaine à la sortie des établissements de nuit. Jean-Jaurès est également souvent visée, les Arènes… . Plusieurs lignes de bus et de tramway attirent aussi notre attention. Ce travail est effectué par nos policiers du service départemental de sécurité des transports en commun. Mon souhait est de renforcer les patrouilles dans les bus et augmenter les effectifs de cette brigade de sécurité.
Dans le courant de l’été, les coups de couteau ont aussi fait des victimes…
Oui, notamment entre la place Saint-Pierre et celle de la Daurade. Nous avons régulièrement organisé des contrôles pour rechercher des armes blanches, y compris dans le secteur de la gare. Avec la police municipale, nous avons amélioré notre partenariat pour des opérations de sécurisations. Ces missions peuvent permettre d’éviter la consommation excessive d’alcool, qui conduit à des agressions parfois violentes.
September 07, 2020 at 10:10AM
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Aux Izards, un trafic bien organisé - LaDepeche.fr
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bien
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